Alzheimer: Leqembi entre espoirs et controverses

Un médicament attendu mais contesté
Présenté comme l’un des rares espoirs face à la maladie d’Alzheimer, Leqembi, développé par Biogen et Eisai, n’a pas convaincu la Haute Autorité de santé (HAS). La Commission de la transparence a refusé, le 27 août, son remboursement anticipé dans le cadre de l’accès précoce, dispositif réservé aux situations sans alternative thérapeutique.

Des résultats cliniques jugés modestes
Le principe du traitement repose sur un anticorps monoclonal ciblant la protéine bêta-amyloïde, responsable de dépôts cérébraux. L’objectif : ralentir l’évolution des symptômes cognitifs. Les essais cliniques ont montré une réduction de 27 % du déclin cognitif sur 18 mois chez certains patients au stade précoce. Mais pour la HAS, ce bénéfice reste limité au regard de la sévérité des effets indésirables : œdèmes, hémorragies cérébrales, et même quelques décès.

Un rapport bénéfice/risque défavorable
C’est cet équilibre jugé trop fragile qui a motivé le refus d’un accès précoce. Toutefois, l’autorité sanitaire laisse la porte ouverte à un remboursement ultérieur dans le cadre de la procédure classique, comme cela a déjà été le cas pour d’autres médicaments dans le passé. Une nouvelle évaluation est attendue dans les prochains mois.

Un parcours international contrasté
Si la France reste prudente, d’autres pays ont déjà franchi le pas. Les États-Unis et le Japon ont autorisé Leqembi dès 2023, suivis en 2024 par la Chine, la Corée du Sud, Israël et le Royaume-Uni. En Europe, le chemin a été plus complexe : refus initial, nouvel examen, puis feu vert de la Commission européenne en avril 2025. Partout cependant, les indications d’utilisation sont restreintes aux patients présentant un faible risque d’effets secondaires. Au Royaume-Uni, le médicament est autorisé mais sans remboursement.

Une communauté médicale partagée
La décision française divise : certains praticiens insistent sur la valeur de quelques mois supplémentaires de lucidité permettant de préserver la vie sociale et familiale ; d’autres dénoncent un faux espoir face aux dangers encourus.

Un vide thérapeutique persistant
Depuis le déremboursement en 2018 des traitements naguère prescrits dans les formes légères d’Alzheimer (Aricept, Reminyl et Exelon), aucune option médicamenteuse n’est disponible en France pour ces patients. La controverse autour de Leqembi illustre la difficulté de concilier progrès scientifique, attentes sociétales et sécurité sanitaire.

Source: Le Moniteur des Pharmacies