Alerte mondiale : le vapotage des adolescents inquiète l’OMS – une menace qui pourrait aussi toucher le Maroc

Alors que le monde célébrait le recul historique du tabagisme chez les adultes, une nouvelle inquiétude gagne du terrain : l’essor du vapotage chez les adolescents. Selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié le 6 octobre, la cigarette électronique est en train de raviver la dépendance à la nicotine, notamment chez les jeunes de 13 à 15 ans.
Un succès menacé : la baisse du tabac chez les adultes, mais la nicotine reste omniprésente
Entre 2010 et 2023, la proportion d’adultes fumeurs dans le monde est passée de 26 % à 19,5 %. Un progrès majeur salué par les autorités sanitaires. Mais derrière cette victoire se cache une autre réalité : près de 100 millions de personnes vapotent aujourd’hui, dont au moins 15 millions d’adolescents, principalement dans les pays à revenu élevé.
Chez les jeunes, l’usage des e-cigarettes serait neuf fois plus fréquent que chez les adultes. L’OMS s’alarme de voir la nicotine réintroduite dans les habitudes des nouvelles générations sous des formes plus séduisantes, plus discrètes et souvent perçues – à tort – comme inoffensives.
« Les cigarettes électroniques sont souvent présentées comme un moyen de réduction des risques, mais elles créent une dépendance précoce et durable à la nicotine », prévient le Dr Étienne Krug, directeur du département des maladies non transmissibles à l’OMS.
En Europe, les filles rattrapent les garçons
Le rapport souligne une particularité inquiétante : en Europe, les adolescentes vapotent autant que les garçons, une tendance unique dans le monde. Cette égalité s’expliquerait en partie par des stratégies marketing ciblées sur les jeunes, via les réseaux sociaux, les influenceurs et les produits colorés aux goûts sucrés ou fruités.
Et le Maroc dans tout ça ?
Au Maroc, les données précises sur la consommation de cigarette électronique chez les jeunes restent encore limitées, mais plusieurs signaux préoccupants émergent. Dans les grandes villes, les puffs et autres dispositifs jetables sont désormais facilement accessibles, parfois même à proximité des établissements scolaires.
Certains adolescents affirment qu’ils vapotent « pour le goût » ou « pour essayer », sans réaliser qu’ils s’exposent à une addiction à la nicotine comparable à celle du tabac classique.
Au Maroc, aucune réglementation spécifique n’encadre encore la vente des cigarettes électroniques, ni la teneur en nicotine de ces produits. Cette zone grise juridique pourrait favoriser leur banalisation.
Vers une nécessaire régulation
Alors que la France vient d’interdire les cigarettes électroniques jetables (« puffs ») depuis février 2025 et prévoit de bannir les sachets de nicotine en 2026, l’OMS appelle tous les pays à agir sans tarder.
Sur les 194 États membres, 62 n’ont encore aucune réglementation sur les e-cigarettes, et 74 n’ont pas fixé d’âge légal d’achat.
Le Maroc pourrait s’inspirer de ces initiatives pour prévenir une nouvelle génération de dépendants à la nicotine, en encadrant la publicité, la vente et les arômes attractifs qui séduisent les plus jeunes.
« Si rien n’est fait, les fumeurs adultes de demain seront les adolescents vapoteurs d’aujourd’hui », a averti Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS.
Source: Le Quotidien du pharmacien