Mélatonine et troubles du sommeil: miracle ou illusion ?
Au Maroc, comme partout ailleurs, les troubles du sommeil sont de plus en plus fréquents. Insomnie chronique, difficultés d’endormissement, réveils nocturnes ou encore sommeil non réparateur touchent une grande partie de la population. Si les chiffres précis manquent, les médecins estiment que près d’un Marocain sur cinq souffrirait régulièrement de problèmes de sommeil, et beaucoup plus encore seraient concernés de manière ponctuelle.
Face à ce phénomène, deux attitudes coexistent : d’un côté, le recours aux traitements médicamenteux classiques (somnifères, anxiolytiques), prescrits sous contrôle médical ; de l’autre, une recherche de solutions « naturelles », notamment à travers les compléments alimentaires à base de mélatonine, qui suscitent un engouement croissant dans notre pays.
La mélatonine, une hormone du sommeil
La mélatonine est une hormone produite naturellement par le cerveau, plus précisément par la glande pinéale. Elle est libérée en fin de journée lorsque la lumière diminue, signalant à l’organisme qu’il est temps de se préparer au repos. Sa concentration atteint un pic vers 3 ou 4 heures du matin, puis chute au réveil.
Son rôle principal est d’assurer la synchronisation de notre rythme circadien, c’est-à-dire l’alternance veille/sommeil qui régule de nombreuses fonctions biologiques.
Les compléments alimentaires à base de mélatonine disponibles sur le marché visent à renforcer ou corriger ce mécanisme naturel, afin de faciliter l’endormissement et améliorer la qualité du sommeil.
Qu’en dit la science ?
Les études scientifiques montrent que la mélatonine peut être utile dans certaines situations bien précises:
- Décalage horaire : les voyageurs fréquents peuvent en bénéficier pour réduire la désynchronisation interne.
- Troubles du sommeil liés au rythme biologique : par exemple, le retard de phase du sommeil, fréquent chez les adolescents.
- Personnes non voyantes : chez les aveugles complets, la mélatonine est reconnue comme un traitement de référence pour resynchroniser le rythme circadien.
Chez les personnes de plus de 55 ans, la mélatonine peut parfois aider à réduire légèrement le temps d’endormissement. En revanche, les bénéfices sur la qualité globale du sommeil ou la diminution des réveils nocturnes restent modestes.
Concernant d’autres pathologies (maladies neurologiques, troubles psychiatriques, voire cancer), des recherches sont en cours, mais les résultats ne sont pas assez solides pour recommander la mélatonine comme traitement.
Sécurité et précautions
La mélatonine est globalement considérée comme sûre lorsqu’elle est utilisée à faible dose et sur une courte durée. Les effets indésirables rapportés sont généralement bénins : maux de tête, somnolence diurne, nausées ou vertiges.
Cependant, certaines précautions doivent être prises :
- Grossesse, allaitement, épilepsie, troubles de la coagulation ou maladies auto-immunes : la prudence s’impose.
- Conduite automobile : une prise inadaptée peut provoquer de la somnolence.
- Enfants : la prescription ne doit se faire qu’avec l’avis d’un médecin spécialiste du sommeil.
Au Maroc, où l’automédication est fréquente, il est important de rappeler que la mélatonine n’est pas un produit miracle, et qu’elle doit être utilisée dans un cadre médical, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants ou de pathologies chroniques.
Des pistes de recherche encore ouvertes
Les chercheurs insistent sur la nécessité de mieux définir :
- la dose optimale selon l’âge, le sexe et le type de troubles ;
- les effets à long terme, encore mal connus ;
- la distinction entre un usage ponctuel (voyage, jet lag) et un usage chronique.
En conclusion
La mélatonine n’est ni une solution miracle, ni un produit dangereux en soi. Elle peut représenter une aide ponctuelle pour certains troubles du sommeil, notamment liés au rythme biologique, mais elle ne remplace pas une bonne hygiène du sommeil (rythme régulier, diminution des écrans le soir, réduction de la caféine, activité physique).
Pour les personnes souffrant d’insomnie chronique ou de troubles sévères du sommeil, la meilleure démarche reste de consulter un médecin, afin de déterminer la cause et d’envisager un traitement adapté.
