Sclérose en plaque: la vitamine D à haute dose associée à une activité moindre de la maladie

Une étude présentée le 19 septembre lors du 40e Congrès du Comité européen pour le traitement et la recherche sur la sclérose en plaques (ECTRIMS) 2024, a révélé que la supplémentation orale à haute dose de cholécalciférol (vitamine D 3) réduit considérablement les signes d’activité de la sclérose en plaques chez les patients atteints du syndrome cliniquement isolé (CIS).

Des études avaient montré que la carence en vitamine D est un facteur de risque de la sclérose en plaques (SEP) mais les résultats de recherches antérieures sur la supplémentation en vitamine D dans la SEP, avec des régimes et des durées différents, se sont révélés contradictoires.

L’étude en double aveugle a porté sur 303 adultes nouvellement diagnostiqués avec un syndrome cliniquement isolé(1) (CIS) (dans les 90 jours) et présentant une concentration sérique de 25-hydroxy vitamine D inférieure à 100 nmol/L au départ. Les participants avaient un âge médian de 34 ans et 70 % étaient des femmes.

Environ un tiers des participants souffraient de névrite optique, deux tiers présentaient des bandes oligoclonales issues de l’analyse du liquide céphalorachidien et le score médian de l’échelle EDSS (Expanded Disability Status Scale) était de 1,0. Sur le total, 89 % remplissaient les critères McDonald 2017 pour le diagnostic de la SEP récurrente-rémittente (SEP-RR).

Les participants ont été répartis de manière aléatoire pour recevoir une dose élevée (100 000 unités internationales) de cholécalciférol par voie orale ou un placebo toutes les 2 semaines pendant 24 mois. Les participants ont eu une visite clinique à 3, 6, 12, 18 et 24 mois, et une IRM du cerveau et de la moelle épinière avec et sans gadolinium à 3, 12 et 24 mois. Le critère d’évaluation principal était la survenue d’une activité de la maladie : rechute, lésions T2 nouvelles ou élargies et présence de lésions contrastées.

Au cours du suivi, 60,3 % des patients du groupe sous vitamines ont montré des signes d’activité de la maladie contre 74,1 % des patients du groupe sous placebo.

De plus, le temps médian d’apparition des signes d’activité de la maladie était de 432 jours dans le groupe vitamine D contre 224 jours dans le groupe placebo.

L’auteur de l’étude Eric Thouvenot, MD, PhD, Hôpital universitaire de Nîmes, Département de neurologie s’est dit quelque peu surpris par l’effet « très rapide » de la vitamine D. Il a noté que la réduction de 34 % du risque relatif d’activité de la maladie est « similaire à celle de certaines thérapies de plateforme publiées pour les patients atteints de CIS.

Les résultats ont montré que la supplémentation en vitamine D3 était sûre et bien tolérée. Thouvenot a noté que 95 % des participants ont terminé l’essai et qu’aucun des 33 événements indésirables graves survenus chez 30 patients n’a suggéré une hypercalcémie ou n’était lié au médicament à l’étude.

Ces nouvelles données encourageantes justifient la poursuite des études sur la supplémentation en vitamine D à forte dose comme traitement complémentaire dans la SEP précoce, a déclaré Thouvenot. Il a noté que les modèles animaux suggèrent que la vitamine D ajoutée à l’interféron bêta a un effet synergique sur le système immunitaire.

(1) CIS : Première manifestation d’un ensemble de signes neurologiques caractéristiques de la sclérose en plaques, indiquant l’existence possible de cette maladie, mais dont la valeur pronostique et diagnostique ne peut être confirmée que lors d’une attaque ultérieure.