Céphalées : un risque suicidaire à ne pas sous-estimer !

Une vaste étude danoise menée sur 15 ans révèle un lien fort entre céphalées et risque suicidaire, quelle que soit la forme de ces douleurs. Les données interpellent : même les céphalées les plus bénignes en apparence, comme celles de tension, semblent associées à une augmentation significative du risque de suicide ou de tentative de suicide.
Les chercheurs ont analysé les données de près de 120 000 personnes âgées de 15 ans et plus, ayant reçu un premier diagnostic de céphalée, qu’il s’agisse de migraines, céphalées de tension, céphalées post-traumatiques ou de céphalalgies autonomes du trijumeau (comme les céphalées en grappe). Ces patients ont été comparés à environ 600 000 individus sans antécédents de céphalées, appariés selon l’âge et le sexe.
Sur une période de suivi de 15 ans (1995-2020), les résultats sont sans appel : Le risque absolu de suicide est passé de 0,15 % (groupe témoin) à 0,21 % chez les patients souffrant de céphalées, tandis que le risque de tentative de suicide a été doublé, atteignant 0,78 % contre 0,33 % dans la population générale.
Certaines formes de céphalées sont encore plus fortement associées au risque suicidaire. C’est notamment le cas des céphalées post-traumatiques, ou le risque de suicide et le risque de tentative de suicide sont multipliés par plus de 3. De même, dans le cas des céphalalgies autonomes du trijumeau, le risque de suicide et celui de tentative de suicide ont doublé.
Même les céphalées de tension, souvent jugées bénignes, sont concernées : Risque de suicide augmenté de 44 % (HR 1,44), Risque de tentative de suicide presque doublé (HR 1,91).
Ces résultats renforcent l’idée que les céphalées chroniques ne doivent pas être banalisées, ni sur le plan médical ni psychologique. Elles peuvent s’accompagner de comorbidités psychiatriques : troubles anxieux, dépression, usage de substances… La douleur chronique, la perte de qualité de vie et l’isolement social peuvent alimenter des pensées suicidaires.
L’étude plaide pour une évaluation systématique du risque dépressif et suicidaire chez les patients présentant des céphalées, dès les premières consultations. Et ce, peu importe la sévérité apparente du tableau clinique. Un suivi attentif, une écoute empathique et, si nécessaire, une prise en charge psychologique ou psychiatrique devraient faire partie intégrante de la prise en charge des patients céphalalgiques.