Donanemab : après un premier refus, l’EMA émet finalement un avis favorable pour le traitement précoce de la maladie d’Alzheimer

Un retournement notable a eu lieu dans le processus d’évaluation du donanemab (Kisunla), un anticorps monoclonal développé par Eli Lilly. Après un refus initial en mars 2025, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a changé de position : son comité des médicaments à usage humain (CHMP) a désormais donné un avis positif, ouvrant la voie à une autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne.
Le donanemab cible spécifiquement le peptide bêta-amyloïde, l’une des principales protéines impliquées dans la pathogénie de la maladie d’Alzheimer. L’EMA avait initialement rejeté le dossier en mars, évoquant des préoccupations liées au profil de sécurité du médicament, notamment la fréquence des anomalies d’imagerie cérébrale (ARIA-E) associées à des œdèmes ou des microhémorragies. Ces effets secondaires, bien que souvent bénins ou transitoires, peuvent provoquer des complications graves, voire mortelles, en particulier chez les porteurs du gène ApoE4.
Malgré ces risques, l’analyse d’un nouvel essai clinique, TRAILBLAZER-ALZ 6, a permis de renverser la tendance. L’étude a démontré que l’ajustement progressif des doses pouvait réduire sensiblement l’incidence des ARIA-E, tout en conservant l’efficacité sur la réduction des dépôts amyloïdes et des marqueurs biologiques comme la P-tau217. C’est ce schéma d’administration révisé qui semble avoir convaincu les experts du CHMP.
Le donanemab est déjà approuvé aux États-Unis, au Japon, en Chine, au Royaume-Uni et en Australie. L’avis favorable de l’EMA représente donc une étape déterminante pour son arrivée en Europe continentale, où il pourrait devenir une nouvelle option thérapeutique pour les patients en phase précoce de la maladie d’Alzheimer, porteurs d’amyloïde mais non homozygotes ApoE4.
La Fondation Vaincre Alzheimer a qualifié cette décision de « nouvelle encourageante » dans la lutte contre une pathologie neurodégénérative qui touche plusieurs millions de personnes en Europe. Si l’autorisation européenne est confirmée par la Commission européenne dans les mois à venir, le donanemab rejoindra le lecanemab (Leqembi), qui a obtenu une AMM européenne en avril 2025.
Même si le médicament est autorisé, sa prise en charge financière demeure incertaine. Au Royaume-Uni par exemple, bien que le donanemab et le lecanemab aient reçu le feu vert de l’agence réglementaire, ils ne sont pas remboursés par le NHS, en raison d’un rapport coût/efficacité jugé insuffisant par le NICE.
L’évaluation économique du traitement par les différents pays européens constituera donc la prochaine grande étape, avant un éventuel accès élargi aux patients.