La richesse améliore-t-elle l’espérance de vie des séniors ? Oui, mais pas toujours !

La richesse améliore-t-elle réellement la santé des personnes âgées ? Pas toujours, selon une étude internationale dirigée par la chercheuse Irene Papanicolas de la Brown University School of Public Health (États-Unis), publiée dans le New England Journal of Medicine. Les résultats révèlent que les seniors américains, même les plus aisés, ont une espérance de vie inférieure à celle de leurs homologues européens.

Les chercheurs ont analysé les données de cohortes de personnes âgées de 50 à 85 ans, issues des enquêtes HRS (États-Unis) et SHARE (Europe), menées entre 2010 et 2022. L’échantillon a été divisé en quartiles de richesse, c’est-à-dire en groupes selon le niveau de patrimoine (biens, actifs, ressources disponibles).

L’objectif : comparer l’espérance de vie dans chaque quartile, aux États-Unis et dans 16 pays européens disposant de systèmes de santé et de protections sociales variés.

Les résultats de l’étude ont été sans appel :

  • Plus une personne est pauvre, plus sa mortalité est élevée.
  • Aux États-Unis, l’écart entre les riches et les pauvres est plus marqué qu’en Europe.
  • Même les Américains les plus riches vivent moins longtemps que les Européens les plus riches – parfois même aussi peu que les Européens les plus pauvres.

Ces résultats interpellent, car ils montrent que la richesse seule ne suffit pas à compenser les failles structurelles du système de santé américain.

Les chercheurs rappellent que la richesse influence la santé par de nombreux canaux : accès à l’éducation, opportunités d’emploi, soins médicaux de qualité et réseaux sociaux protecteurs. Mais ces avantages sont modulés par le contexte politique, économique et culturel. En Europe, les systèmes de protection sociale semblent mieux réduire l’impact négatif des inégalités de revenus, notamment grâce à l’accès universel aux soins.

Selon les auteurs, ces résultats invitent à réfléchir plus largement  sur le fait que la richesse matérielle ne garantit pas une bonne santé, que les facteurs systémiques (environnement, alimentation, prévention, politique de santé publique) sont tout aussi cruciaux et que les politiques sociales peuvent réduire l’impact du statut économique sur la longévité.

Enfin, si même en haut de l’échelle sociale, les Américains ne vivent pas aussi longtemps que les Européens comparables, cela prouve que la santé est aussi une question de solidarité nationale, de structures de soins accessibles et de conditions de vie partagées.