Vers la fin d’un examen sanguin historique : la vitesse de sédimentation remise en question

Un examen réalisé des millions de fois chaque année en France pourrait bientôt disparaître des prescriptions médicales : la vitesse de sédimentation (VS). La Haute Autorité de Santé (HAS) française a en effet estimé, dans un avis rendu le 17 novembre, que ce test n’apportait plus de bénéfices cliniques suffisants pour justifier son maintien en routine.

La vitesse de sédimentation consiste à mesurer, dans un tube de prélèvement sanguin, la vitesse à laquelle les globules rouges se déposent au fond. Plus cette vitesse est élevée, plus elle est supposée traduire un état inflammatoire dans l’organisme. Pendant des décennies, cette analyse a été utilisée comme indicateur de dépistage général, souvent intégrée aux bilans biologiques standards, y compris chez des patients ne présentant pas de symptôme précis.

Mais pour la HAS, la page semble tournée. L’institution juge désormais le test imprécis, peu réactif et insuffisamment spécifique.

  • Les résultats peuvent varier considérablement d’un test à l’autre, même sur un même échantillon.
  • L’inflammation met parfois plusieurs jours à se traduire dans la valeur de la VS, rendant possible un résultat « normal » alors que le processus inflammatoire est déjà actif.
  • Des facteurs sans lien avec une maladie inflammatoire – comme l’âge ou le sexe – peuvent modifier la valeur.

En France, le test a encore été réalisé 16 millions de fois en 2023, pour un coût de 12 millions d’euros pour l’Assurance maladie. La HAS recommande désormais de privilégier des examens plus fiables, et déjà bien installés, comme le dosage de la protéine C-réactive (CRP), un marqueur bien plus rapide, sensible et précis de l’inflammation.


Et au Maroc ?

Au Maroc, la vitesse de sédimentation reste un examen largement pratiqué en laboratoire, notamment dans les bilans standards de contrôle ou dans le suivi de maladies chroniques. Toutefois, comme en France, l’évolution des recommandations internationales pousse progressivement les prescripteurs marocains vers des marqueurs plus performants, en particulier la CRP, devenue la référence dans le diagnostic rapide des états inflammatoires et infectieux.

La question pourrait donc prochainement se poser également dans le système de santé marocain :
– Faut-il continuer à rembourser et prescrire systématiquement la VS, alors que d’autres tests plus précis existent ?
– Une réflexion pourrait s’engager sur son usage, son intérêt réel en pratique clinique et son éventuelle place dans les référentiels de biologie médicale au Maroc.

Si la VS ne disparaîtra pas du jour au lendemain, son rôle dans les bilans sanguins de routine semble appelé à diminuer, tant en France que, probablement, dans les pays qui suivent les mêmes standards scientifiques, dont le Maroc.