Grève à l’école
Les vacances d’été ne sont-elles plus suffisantes pour que le corps enseignant joue les prolongations par la grève ? Alors que la rentrée scolaire n’avait pas encore démarré que les débrayages commencent !
En tout cas, depuis le début de l’année, les profs qui pourtant sont en état géostationnaire se réclament être en mouvement. Peut-être parce que les syndicalistes qui ont tellement l’habitude de ne rien faire, lorsqu’ils font grève, ils appellent ça une période d’action. S’ils n’avaient pas été plusieurs à se masser devant les académies, j’aurais dit une grève de kinésithérapeutes. En effet, depuis le début de l’année, la grève bat son plein dans les établissements scolaires. Les enseignants aspirent à une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Ironie du sort, l’instituteur qui était à deux doigts d’être le messager de Dieu ; aujourd’hui implore Le Seigneur pour voir ses revendications se réaliser.
Eu égard à sa noble mission, qui est celle de former des générations, l’enseignant doit normalement être entouré de la plus haute considération. Cependant, force est de constater que sous nos cieux, il est négligé par ceux-là même qu’il avait enseignés par le passé. De deux choses l’une, soit que ces derniers n’ont aucunement perçu le message du pauvre messager, ou alors ils continuent à garder rancune d’une fessée infligée quand ils étaient cancres. Et là, à écouter la qualité du discours de certains d’entre eux, ce n’est pas étonnant que ce ne soit pas le cas !
A chaque fois qu’il y a un piquet de grève, le gouvernement est comme piqué par un scorpion et les parents d’élèves par un bourdon. Les élèves eux, piqués de joie ne s’en soucient guère tant le spectre de l’exam se trouve repoussé sine die ! Vraiment la grève nous a enseigné que sans les profs la vie n’aurait pas de classe ! Quand l’enseignant est absent, les enfants sont euphoriques, puisque les dealers prennent le relais. Alors on joint l’utile à l’agréable comme on peut. Le shit supplante la philo et la « teuf » tient place aux maths. Comme quoi une grève peut se révéler « l’antichanvre » de la délinquance. Et la grève n’en finit pas. Entre grève perlée, grève reconductible ou sauvage, ce sont les parents d’élèves qui vont entamer une grève de la « fin »….de patience. Si leurs enfants n’intègrent pas les écoles rapidement, ils trouveront un vaccin avant les scientifiques.
Ils ne finissent pas de crier au secours, leurs enfants qui passent leurs journées à courir la cour sont restés sans cours. A force de sécher les classes, les élèves qui voient la vie en rose, sont devenus des bleus, menacés par une année blanche qui laisse profiler un avenir tout sombre. L’autre fois j’ai demandé à un neveu écolier ce qu’il avait appris cette année, il m’a rétorqué que tout ce qu’il avait retenu, c’est que le masculin l’emporte sur le féminin ! Bonjour l’approche du genre !
Les enseignants sont tellement fatigués de ne rien faire que les grèves sont entrecoupées de vacances. Finalement, le gouvernement a réagi. Il a convoqué à des négociations. Ce qui est complètement drôle. Dans ce pays, les pourparlers ont toujours lieu après la grève et jamais bien avant ! Après les négociations, les choses se sont entremêlées. Les syndicats invitent à réintégrer les classes, les coordinations hésitent, alors que les contractuels appellent à durcir le mouvement. Ainsi, les uns continuent à faire grève pour plus de blé, les autres à côté pour réclamer le paiement des jours où ils n’ont pas travaillé. Alors la grève se poursuit, à l’instar des producteurs de fruits, qui ont choisi le pourrissement !
Finalement, les enseignants qui veulent être mieux payés finissent par obtenir gain de cause, mais comme ils sont en face de fins et habiles politiques, il ne se passe même pas une semaine pour que tout augmente, ce qui fait qu’ils en sont au point de départ. Pour rattraper le temps perdu, il ne faudrait pas suivre les programmes, il faut suivre l’instinct des enfants. Comme disait l’écrivain britannique Roal Dahl, moi si j’étais directeur d’école, je me débarrasserais du professeur d’histoire-géo et je le remplacerais par un professeur de chocolat, mes élèves étudieraient au moins un sujet qui les concerne tous.