Pharmacie en France : Le renouvellement exceptionnel passe à trois mois
Alors que la pharmacie d’officine au Maroc croule sous des problèmes de tous genres (économique, éthique, légitimité des instances représentatives, ….), sans qu’aucune action palpable ne soit entreprise par la tutelle pour la sauver, ailleurs, on ne cesse de valoriser ce professionnel de la santé en lui octroyant de nouvelles missions. C’est le cas de la France qui a instauré une nouvelle mesure permettant aux pharmaciens de délivrer un renouvellement exceptionnel de traitement pour une durée de trois mois, contre un mois auparavant. Ce changement, motivé par des enjeux de santé publique et d’accessibilité, vise à faciliter la prise en charge des patients chroniques et à désengorger les cabinets médicaux.
Applicable dès le vendredi 29 novembre 2024, cette nouvelle disposition concerne les médicaments mais également les dispositifs médicaux prescrits pour au moins trois mois.
Qu’est-ce que le renouvellement exceptionnel ?
Le renouvellement exceptionnel est une disposition qui permet aux pharmaciens de prolonger un traitement en cours sans consultation immédiate d’un médecin, sous certaines conditions. Il s’adresse principalement aux patients atteints de maladies chroniques, dont les prescriptions sont sur le point d’expirer. Cette mesure était auparavant limitée à un mois de traitement supplémentaire, ce qui obligeait souvent les patients à consulter fréquemment leur médecin pour renouveler leur ordonnance.
Certaines catégories de médicaments et de dispositifs médicaux seront exclues du dispositif et feront l’objet d’un arrêté du ministre de la Santé sur proposition de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ainsi, dans le dispositif existant, les médicaments stupéfiants et assimilés stupéfiants ne peuvent pas faire l’objet d’une procédure de renouvellement exceptionnel du fait de leur durée maximale de prescription. Il en va de même pour les hypnotiques et les anxiolytiques, dont la durée maximale de prescription est respectivement de 4 et de 12 semaines.
Une autre liste fixée par arrêté doit exclure certains contraceptifs oraux de la mesure de renouvellement. Pour cette classe médicamenteuse, lorsque la durée de validité d’une ordonnance datant de moins d’un an sera expirée, le pharmacien pourra dispenser les médicaments nécessaires à la poursuite de la contraception pour une durée supplémentaire et non renouvelable de six mois.
Plusieurs raisons justifient cette évolution :
- Soulager les professionnels de santé : En raison de la surcharge des médecins généralistes, notamment dans les zones dites « déserts médicaux », cette mesure a réduit la pression sur les consultations.
- Améliorer l’accès aux soins : Les patients peuvent accéder plus facilement à leurs médicaments, sans risque d’interruption de leur traitement, notamment en cas de difficulté à obtenir un rendez-vous médical.
- Renforcer l’autonomie des pharmaciens : Les pharmaciens, professionnels de santé de proximité, jouent un rôle central dans le suivi des traitements et dans l’accompagnement des patients. Ce dispositif leur permet d’assumer davantage de responsabilité.
Le renouvellement exceptionnel de trois mois est soumis à des règles strictes :
- Il ne peut être accordé qu’aux patients atteints de maladies chroniques avec une ordonnance médicale expirée.
- La prescription initiale doit marquer un traitement renouvelable.
- Le pharmacien doit s’assurer que le traitement est bien toléré par le patient et qu’aucun suivi médical urgent n’est nécessaire.
- Un compte-rendu doit être transmis au médecin traitant pour assurer la coordination des soins.
Pour les patients, cette mesure offre de nombreux avantages :
- Confort et praticité : Moins de déplacements et de démarches pour obtenir leurs médicaments.
- Continuité des soins : Une meilleure régularité dans la prise de traitement, ce qui est crucial pour des pathologies telles que le diabète, l’hypertension ou les troubles cardiaques.
- Réduction des délais d’attente : En limitant les consultations uniquement nécessaires pour des renouvellements d’ordonnance, les délais pour d’autres consultations médicales peuvent diminuer.
Avec cette mesure, le rôle des pharmaciens s’inscrit davantage dans une logique de complémentarité avec les médecins. Leur expertise dans le domaine des médicaments et leur proximité avec les patients en font des interlocuteurs privilégiés. Toutefois, cette responsabilité nécessite également une vigilance particulière, notamment pour repérer d’éventuels effets secondaires ou évolutions des pathologies.
Enfin, si cette réforme a été bien accueillie par les patients et les pharmaciens, elle soulève aussi des interrogations. Certains professionnels de santé craignent une déresponsabilisation des patients ou une moindre attention portée à des signes cliniques nécessitant une réévaluation médicale. Cependant, avec une mise en œuvre rigoureuse, cette mesure a le potentiel d’améliorer le système de santé en France en le rendant plus fluide et accessible.