La HAS donne son feu vert au dépistage généralisé du cytomégalovirus chez les femmes enceintes

La Haute Autorité de santé (HAS) a modifié son approche concernant la prévention de l’infection congénitale à cytomégalovirus (CMV) en recommandant, pour la première fois, un dépistage systématique chez toutes les femmes enceintes dont le statut sérologique est inconnu ou négatif. Cette décision marque un tournant dans la prise en charge prénatale en France, appuyée par une réévaluation récente des données cliniques et épidémiologiques.
Le CMV, membre de la famille des herpèsvirus, passe souvent inaperçu chez l’adulte, mais il peut provoquer de graves complications chez le fœtus, en particulier lorsqu’il est contracté lors des premiers mois de grossesse. Les conséquences incluent notamment une surdité neurosensorielle, des troubles moteurs, des retards cognitifs ou encore des déficiences vestibulaires.
Jusqu’alors, la HAS ne recommandait pas de dépistage systématique, faute de preuves suffisantes sur les bénéfices de cette stratégie. Pourtant, un dépistage spontané est déjà pratiqué chez environ une femme enceinte sur trois, mais de manière non uniforme, ce qui crée des disparités d’accès aux soins. Le nouveau cadre vise à corriger cette inégalité.
Le protocole préconisé s’articule autour d’un dépistage sérologique au premier trimestre, incluant la recherche des anticorps IgG et IgM anti-CMV, complétée par un test d’avidité IgG, dont la performance doit atteindre un seuil d’au moins 95 %. L’objectif est de différencier une infection ancienne sans risque d’une primo-infection récente, cette dernière représentant un réel danger pour le développement fœtal.
Les femmes sans immunité (séronégatives) se verront proposer des mesures d’hygiène préventives pour limiter les risques de contamination. En cas de séroconversion en cours de grossesse, un traitement antiviral à base de valaciclovir peut être envisagé. Bien toléré et non tératogène, ce médicament demeure le seul antiviral utilisable à ce jour, bien que son efficacité à long terme reste encore à consolider par les données.
La HAS conditionne la pérennité de cette nouvelle politique à une évaluation d’impact à trois ans, qui devra confirmer plusieurs éléments : le taux de séroprévalence en France, l’incidence et la gravité des infections congénitales, la tolérance du traitement et la fiabilité du protocole de dépistage.
Source: Univadis