Le Maroc prépare une nouvelle stratégie nationale pour la santé mentale

Le Maroc s’engage dans une réforme ambitieuse de son système de santé mentale avec l’élaboration d’une stratégie nationale couvrant tous les aspects psychiques et sociaux liés à la santé mentale. Annoncée récemment par le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, cette initiative vise à répondre à une préoccupation croissante de santé publique, marquée par des besoins importants et encore insuffisamment couverts.

Intervenant devant la Chambre des Conseillers, M. Tahraoui a précisé que cette stratégie s’inscrit dans une dynamique globale de réforme, incluant la révision du cadre juridique en matière de santé mentale et la mise en place de protocoles thérapeutiques pour les troubles jugés prioritaires. Le ministère entend ainsi moderniser l’approche thérapeutique et adapter le système de soins aux standards internationaux.

L’un des défis majeurs évoqués par le ministre reste le manque de ressources humaines spécialisées. En 2025, le Maroc compte 3.230 professionnels de la santé mentale, dont 593 psychiatres répartis entre les secteurs public et privé, 76 pédopsychiatres, et environ 1.700 infirmiers spécialisés. Bien que ces chiffres témoignent d’un effort continu, ils demeurent insuffisants face à la demande croissante.

Pour y remédier, 123 nouveaux postes budgétaires ont été alloués à la santé mentale sur la période 2024-2025, dont 34 pour des psychiatres et 89 pour des infirmiers spécialisés. Par ailleurs, les capacités de formation au sein des Instituts Supérieurs des Professions Infirmières et Techniques de Santé ont été renforcées, en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur.

Cette nouvelle stratégie s’intègre dans un plan national multisectoriel de santé mentale qui court jusqu’en 2030. Parmi les objectifs annoncés : la généralisation des services de santé mentale dans les hôpitaux publics, le développement d’unités de consultations psychiatriques externes, la création d’équipes spécialisées pour la gestion des crises psychosociales, ainsi que le renforcement des structures de réhabilitation psychologique et sociale.

Une convention-cadre, signée en 2022, est également en cours de mise en œuvre pour intensifier l’offre de formation et stimuler la recherche scientifique dans ce domaine.

Au-delà de la seule dimension médicale, le ministère entend promouvoir une vision holistique de la santé mentale, intégrant les volets éducatif, social, et communautaire. Cette stratégie marque une étape importante vers la reconnaissance de la santé mentale comme un pilier essentiel de la santé publique au Maroc.