Paracétamol en cours de grossesse: Pas de risque accru sur le neurodéveloppement
Si le paracétamol est couramment utilisé comme antalgique chez la femme enceinte, étant entendu que la Food and Drug Administration (FDA) et l’Agence européenne des médicaments considèrent que ce médicament expose à un risque iatrogène minimal, un bémol a été introduit en 2021, à la suite d’un consensus établi par un groupe international de scientifiques et de cliniciens incitant à renoncer au paracétamol en l’absence d’indication médicale formelle.
Cette recommandation, qui relève du principe de précaution, découle principalement d’un risque potentiel de troubles du neurodéveloppement, tels que les troubles du spectre autistique, ou le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Les études transversales du type cas-témoins qui ont conduit à cette déclaration de consensus étaient loin d’être exemptes de biais, qui peuvent conduire à des associations dont la signification est loin d’être univoque.
Pour voir plus clair, une étude de cohorte nationale suédoise rétrospective a été réalisée. Celle ci a porté sur un échantillon de 2 480 797 enfants nés entre 1995 et 2019 en Suède, et suivis jusqu’au 31 décembre 2021. L’utilisation de paracétamol pendant la grossesse a été déterminée à partir des dossiers de consultation prénatale et des ordonnances. Les diagnostics de trouble du spectre de l’autisme (TSA), de TDAH et de déficience intellectuelle ont été établis au cours du suivi selon les critères de la classification internationale des maladies.
Au total, 185 909 enfants (7,49 %) ont été exposés au paracétamol pendant la grossesse. Le risque absolu brut de TSA à l’âge de 10 ans a été estimé à 1,33 % en l’absence d’exposition au médicament durant la grossesse, versus 1,53 % dans le cas contraire. Les chiffres correspondants pour ce qui est du TDAH ont été respectivement de 2,46 % et 2,87 %, et de 0,70% et 0,82% pour la déficience intellectuelle.
Dans les modèles sans ajustement prenant en compte la fratrie, la consommation du paracétamol pendant la grossesse a été associée à un risque légèrement accru de TSA, de TDAH et de déficience intellectuelle. Mais après ajustement, les valeurs des risques s’effondrent pour devenir non significatives. Ces mêmes analyses ajustées n’ont révélé aucune relation du type dose-effet.
Ces résultats rassurants suggèrent que les associations mises en évidence dans d’autres études pourraient relever de facteurs de confusion familiaux. Il n’en demeure pas moins que la consommation de paracétamol au cours de la grossesse doit rester médicalement justifiée.
Source: JIM