La carence martiale : un déficit en fer largement sous-diagnostiqué chez les femmes
Selon une enquête conduite par le laboratoire CSL Vifor, environ 25 % des femmes en âge de procréer souffrent d’un déficit en fer, pourtant souvent négligé.
Un diagnostic loin d’être systématique
Dans l’étude réalisée auprès de 5 075 femmes signalant des symptômes typiques de carence en fer (fatigue, perte de cheveux…), seules un tiers d’entre elles avaient reçu un diagnostic, dont **60 % étaient âgées entre 25 et 49 ans.
Par ailleurs, parmi les femmes non diagnostiquées, seulement 18,6 % avaient consulté un professionnel de santé.
Parmi les prescripteurs de bilans sanguins, les sage-femmes arrivaient en tête (36 %), suivies des gynécologues (24 %) et des infirmières (17 %).
Des conséquences physiques et psychologiques importantes
La carence en fer (ou carence martiale) peut toucher lourdement le quotidien des femmes, avec des symptômes tels que fatigue intense, perte de cheveux, sécheresse de la peau, mais aussi des répercussions psychiques : apathie, humeur dépressive…
Selon le professeur Philippe Descamps, chef du service Gynécologie & Obstétrique au CHU d’Angers, le diagnostic devrait être simple : « Lorsqu’une patiente souffre de fatigue chronique, il faut systématiquement vérifier son taux de fer : ferritine, coefficient de saturation de la transferrine, et hémoglobine. Ce n’est pas compliqué. » — Pr Philippe Descamps
Il souligne que certaines étapes de la vie féminine nécessitent une vigilance particulière : l’adolescence (ménarches abondantes), l’âge adulte (endométriose, adénomyose), la grossesse, le post-partum, et aussi la quarantaine (fibromes provoquant des règles très abondantes).
Bilan et prise en charge : ce qu’il faut faire
Pour établir un diagnostic de carence martiale, le bilan sanguin devrait inclure des dosages précis tels que la ferritine sérique et le coefficient de saturation de la transferrine.
Une fois la carence confirmée, il est essentiel non seulement d’apporter du fer, mais aussi d’en identifier la cause (par exemple des saignements gynécologiques, des anomalies menstruelles, ou des pertes digestives).
En première intention, un traitement par voie orale est généralement prescrit, même si certains patientes le tolèrent mal (effets digestifs). Dans les cas où le fer oral n’est pas bien supporté ou insuffisant, une alternative intraveineuse peut être envisagée.
Importance d’une meilleure sensibilisation
L’enquête de CSL Vifor met en lumière une méconnaissance persistante, tant auprès des patientes que des professionnels de santé. Pour améliorer la prise en charge, il est vital de :
- Informer davantage les femmes sur les signes de carence en fer et sur la nécessité d’un bilan simple.
- Renforcer la formation des prescripteurs sur l’importance d’un dépistage régulier, surtout chez les femmes à risque.
- Traiter non seulement la carence, mais aussi sa ou ses causes (règles abondantes, fibromes, etc.).


