Vaccin antigrippal : la version à forte dose plus efficace pour les patients immunodéprimés

Un nouvel éclairage scientifique sur la vaccination antigrippale vient d’être apporté par une étude dirigée par Mario Rivera-Izquierdo, de l’Université de Grenade. Publiée le 22 juin 2025 dans le Journal of Infection, cette méta-analyse met en évidence les bénéfices d’un vaccin antigrippal à dose élevée chez les personnes immunodéprimées, en comparaison avec la formulation standard.

Les chercheurs ont scruté les données de 16 essais cliniques randomisés, portant sur un total de 1 862 participants immunodéprimés, dont près de la moitié avaient reçu un vaccin à haute dose (60 µg d’hémagglutinine par souche) contre 15 µg pour la dose classique. Les études couvrent neuf saisons grippales, garantissant une diversité de contextes épidémiologiques.

Les résultats sont éloquents : les taux de séroconversion, indicateurs de la capacité du corps à produire des anticorps après la vaccination, étaient significativement plus élevés avec le vaccin à forte dose. Cela s’est vérifié pour les trois souches de virus étudiées :

  • H1N1 : +30 % de séroconversion (RR 1,30 ; IC à 95 %, 1,04-1,57)
  • H3N2 : +22 % (RR 1,22 ; IC à 95 %, 1,03-1,41)
  • Souche B : +39 % (RR 1,39 ; IC à 95 %, 1,15-1,63)

En parallèle, les titres moyens géométriques d’anticorps mesurés entre 3 et 6 semaines après la vaccination étaient également plus élevés dans le groupe à forte dose : +32 % pour H1N1, +55 % pour H3N2 et +39 % pour la souche B.

Les taux de séroprotection – c’est-à-dire le pourcentage de personnes atteignant un niveau d’anticorps jugé protecteur – étaient globalement similaires entre les deux groupes. Une légère supériorité du vaccin à forte dose a été notée pour la souche H1N1 (RR 1,04 ; IC à 95 %, 1,00-1,09).

Côté tolérance, les deux formulations ont montré un profil de sécurité comparable. L’effet indésirable le plus fréquent, la douleur au site d’injection, était un peu plus fréquent chez les receveurs du vaccin à haute dose (RR 1,29 ; IC à 95 %, 1,04-1,54), mais sans différence majeure sur les autres effets secondaires.

Cette analyse vient renforcer l’idée que les vaccins à haute dose pourraient offrir une meilleure protection aux personnes dont le système immunitaire est affaibli, sans compromettre leur sécurité. Les auteurs appellent toutefois à des études supplémentaires, plus larges et centrées sur des critères cliniques (hospitalisations, formes graves, décès), pour affiner les recommandations selon les profils des patients immunodéprimés.