WhatsApp Image 2024-07-14 at 14.05.40
WhatsApp Image 2024-07-14 at 14.05.40 (1)
previous arrow
next arrow

Vaccination par voie inhalée : état des lieux

Le développement de vaccins administrés par voie respiratoire nécessite une prise en compte rigoureuse des caractéristiques propres aux voies aériennes supérieures et inférieures. Comme le souligne Gonçalo Farias, pharmacien et chercheur chez Aptar Pharma, les poumons présentent un environnement favorable à la vaccination systémique : la surface d’échange des alvéoles y est très étendue, leur vascularisation intense, et l’activité enzymatique y demeure faible. De plus, la présence du tissu lymphoïde bronchique (BALT) offre une cible stratégique pour l’induction d’une réponse immunitaire.

Le nez, quant à lui, constitue un autre site intéressant. L’environnement y est acide, isotonique, avec une faible activité enzymatique. Toutefois, un facteur clé à considérer est la clairance mucociliaire, qui élimine les substances en 15 à 30 minutes. Les cornets nasaux, riches en vaisseaux sanguins et dotés d’une grande surface d’échange, favorisent également l’absorption systémique. Par ailleurs, la proximité des nerfs olfactifs et trigéminaux, situés dans les cornets moyens et supérieurs, permet un accès direct au système nerveux central. Le tissu lymphoïde du nasopharynx (NALT) constitue une autre cible pour la vaccination.

Dans l’ensemble, la voie muqueuse – qu’elle soit nasale ou pulmonaire – apparaît comme une option prometteuse pour stimuler à la fois une immunité locale et systémique, tout en contribuant à limiter la transmission des virus. En effet, de nombreux pathogènes pénètrent l’organisme via ces muqueuses, ce qui rend leur stimulation particulièrement pertinente pour prévenir les infections.

Les formulations actuelles, notamment sous forme de poudres, offrent plusieurs avantages. Leur stabilité permet de se passer de la chaîne du froid, ce qui facilite le stockage et le transport. En outre, les principes actifs subissent une dégradation minimale dans ces environnements. Néanmoins, des limites persistent : un volume administrable limité, une absorption parfois inférieure à celle obtenue par voie intramusculaire, les effets de la clairance mucociliaire, ainsi qu’un manque de données sur l’utilisation d’adjuvants spécifiques à la voie intranasale. La possible toxicité liée à une exposition du système nerveux central est également une préoccupation à ne pas négliger.

Plusieurs vaccins intranasaux sont d’ores et déjà disponibles sur le marché. Deux ciblent la grippe, un est utilisé pour traiter les formes chroniques d’hépatite B, et deux autres ont été développés pour lutter contre la Covid-19. « La vaccination par les muqueuses est une stratégie à la fois sûre et efficace, affirme le chercheur. Elle favorise une réponse immunitaire localisée, tout en réduisant les risques de transmission virale. » À titre d’exemple, le vaccin FluMist® Quadrivalent, approuvé par la FDA en 2024, se présente sous forme de spray nasal. Il a montré une efficacité supérieure à celle du vaccin injectable dans trois essais cliniques réalisés auprès d’enfants.

Source : Pédiatrie Pratique