Enrichir la farine en acide folique : une mesure cruciale pour prévenir les malformations du tube neural
L’enrichissement de la farine en acide folique représente une avancée majeure dans la santé publique mondiale. Cette mesure préventive, adoptée par plusieurs pays, a pour objectif de réduire l’incidence des anomalies de fermeture du tube neural (AFTN), telles que le spina bifida et l’anencéphalie, chez les nouveau-nés.
En France, afin d’améliorer la prévention de ces anomalies, l’Anses préconise un enrichissement des farines de blé en acide folique, la forme synthétique de la vitamine B9, en plus de la supplémentation en vitamine B9 des femmes ayant un projet de grossesse. Cette mesure permettrait de compenser les apports insuffisants en vitamine B9 chez ces femmes, qui constituent l’un des principaux facteurs de risque d’AFTN chez l’enfant à naître.
Les AFTN concernent plus d’une grossesse sur mille en France et plusieurs facteurs de risque peuvent être à l’origine de ces malformations : les antécédents familiaux d’AFTN, certains traitements notamment antiépileptiques, le diabète, l’obésité et un statut insuffisant en folates chez la mère. En effet, un apport de 600 microgrammes par jour de vitamine B9 est nécessaire au moins 4 semaines avant la conception et jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée. Or, cet apport est rarement atteint par la population.
Depuis les années 1990, plusieurs pays, notamment les États-Unis et le Canada, ont imposé l’enrichissement obligatoire de certains aliments de base, comme la farine, avec de l’acide folique. Les résultats sont probants :
- Une réduction de 20 à 70 % des cas de malformations du tube neural a été observée dans les populations concernées.
- Une amélioration globale de la santé des femmes en âge de procréer, grâce à un apport suffisant en vitamine B9.
Le choix de la farine découle du fait que cet aliment de base est largement consommé dans le monde entier. En l’enrichissant, il est possible d’atteindre efficacement une grande partie de la population, y compris les femmes qui ne planifient pas leur grossesse ou ne prennent pas de suppléments prénatals.
Malgré ses avantages, l’enrichissement de la farine soulève certaines questions :
- Surcharge en acide folique : Bien que peu fréquent, un excès prolongé peut masquer des carences en vitamine B12.
- Acceptation culturelle : Certaines communautés peuvent hésiter à adopter des aliments enrichis en raison de préférences alimentaires ou de croyances.
- Coûts initiaux : La mise en place de l’enrichissement peut engendrer des coûts pour l’industrie agroalimentaire.
L’enrichissement de la farine en acide folique constitue une solution simple et efficace pour prévenir les malformations du tube neural. D’ailleurs, les organisations internationales, telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), recommandent fortement l’enrichissement alimentaire pour combattre les malformations congénitales.
Si des efforts supplémentaires sont nécessaires pour surmonter les obstacles socio-économiques, les bénéfices pour la santé publique sont inestimables. Cette initiative devrait être un pilier des stratégies de prévention mondiale pour améliorer la santé des futures générations.