Les statines sont associées à une amélioration de la survie dans deux hémopathies malignes

Introduction
Les statines, bien connues pour leurs propriétés hypolipémiantes, possèdent également des effets immunomodulateurs et antiprolifératifs. Plusieurs études ont suggéré qu’elles pourraient moduler la réponse à certaines thérapies anticancéreuses. L’ibrutinib, un inhibiteur de la tyrosine kinase de Bruton (BTK), est utilisé dans le traitement de divers cancers hématologiques, dont la leucémie lymphoïde chronique (LLC) et le lymphome à cellules du manteau (LCM). Il a été observé que les patients déjà traités par statines semblent répondre plus favorablement à l’ibrutinib.
Méthodes
Une étude rétrospective a été menée sur un échantillon de 202 patients atteints de LLC ou de LCM, traités par ibrutinib entre 2017 et 2023 dans deux centres hospitaliers. Les patients ont été répartis en deux groupes :
- Groupe statines : patients sous statines au moment de l’initiation de l’ibrutinib (n = 74)
- Groupe contrôle : patients non exposés aux statines (n = 128)
Les données cliniques, les taux de réponse, la survie sans progression (PFS) et la survie globale (OS) ont été collectés et analysés.
Résultats
- Taux de réponse globale (ORR) :
- Groupe statines : 82 %
- Groupe contrôle : 65 % (p = 0,01)
- PFS à 24 mois :
- Groupe statines : 70 %
- Groupe contrôle : 54 % (p = 0,03)
- OS à 24 mois :
- Groupe statines : 86 %
- Groupe contrôle : 76 % (p = 0,07)
Aucune différence significative n’a été observée concernant la tolérance ou les événements indésirables liés à l’ibrutinib entre les deux groupes.
Discussion
Ces résultats suggèrent que l’exposition préalable aux statines pourrait améliorer la réponse au traitement par ibrutinib dans les cancers hématologiques. Plusieurs mécanismes biologiques pourraient expliquer cette interaction, notamment une influence sur les voies de signalisation cellulaire, la perméabilité membranaire ou le microenvironnement tumoral.
Cependant, en l’absence de randomisation, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Des essais cliniques prospectifs sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse et explorer l’éventualité d’un effet synergique pharmacologique entre statines et inhibiteurs de BTK.
Conclusion
L’utilisation de statines semble associée à une meilleure efficacité du traitement par ibrutinib chez les patients atteints de cancers hématologiques. Ces données ouvrent la voie à de futures études cliniques évaluant le potentiel thérapeutique d’une telle combinaison.