Un vaccin très prometteur contre le risque de récidive du cancer du pancréas

Le cancer du pancréas est l’un des cancers au pronostic le plus sombre.  Selon de récentes données américaines, le taux de survie est de 13 % à cinq ans, devant les cancers de l’œsophage (22 %) et du poumon (25 %). Face au risque élevé de récidive postopératoire, les options thérapeutiques demeurent rares.

Selon Shubham Pant, oncologue au MD Anderson Cancer Center de Houston (Texas, États-Unis), les patients qui ont subi un acte chirurgical pour un cancer pancréatique demeurent à risque de récidive, même après la chimiothérapie. Ceci est particulièrement le cas pour les patients positifs pour l’ADN tumoral circulant (ctDNA), à risque très élevé de récidive. Or, dès que la maladie se manifeste à nouveau, elle n’est plus curable.

Ce chercheur rapporte dans Nature Medicine les premiers résultats, positifs, d’un vaccin dirigé contre des formes mutées de l’oncogène KRAS – présentes chez 93 % des patients atteints d’un cancer du pancréas, et chez 50 % de ceux souffrant d’un cancer colorectal. Présentées de manière préliminaire au congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), début juin 2023 à Chicago, ces résultats de phase 1, très encourageants, suggèrent un risque nettement diminué de récidive.

Ce vaccin dénommé ELI-002 2P, comporte trois composants, dont deux dirigés contre des peptides reproduisant une mutation de la protéine KRAS (respectivement G12D et G12R), le troisième constituant l’adjuvant. Tous sont liés à des lipides de type diacyle, qui facilitent leur adressage vers les ganglions, où ils seront pris en charge par les cellules présentatrices d’antigènes.

Le vaccin a été injecté à 25 patients – 20 atteints d’un cancer du pancréas, cinq d’un cancer colorectal. Il a été administré à raison de six injections sur une période de huit semaines, suivies (après trois semaines de pause) d’un boost de quatre injections hebdomadaires. Les patients étaient ensuite suivis jusqu’à deux ans après la première injection.

L’analyse des biomarqueurs tumoraux a révélé une baisse chez 84 % des participants, supérieure à 30 % du taux initial chez 44 % d’entre eux, à 50 % chez 30 % d’entre eux. Chez six patients (24 %), le traitement a même conduit à une disparition complète des biomarqueurs, parmi lesquels le ctDNA et l’antigène tumoral CA19-9. Parmi la moitié des patients ayant la meilleure réponse vaccinale, 100 % présentaient une réduction des taux de biomarqueurs tumoraux, et 46 % leur disparition complète. De même, la survie médiane sans récidive, de 4,01 mois chez la moitié des patients répondant le moins bien au vaccin, n’était pas atteinte chez les meilleurs répondeurs à la fin de l’essai. Le vaccin était par ailleurs bien toléré, sans évènement grave lui étant directement associé.

Une autre étude, de phase I/II, devrait prochainement débuter, pour un objectif de 156 patients inclus, toujours dans les cancers du pancréas et colorectal. De formulation similaire, le vaccin portera cette fois-ci sur un total de sept mutations de KRAS, ce qui permettra de l’étendre à un nombre élargi de patients.

Source: Nature Medicine