Des antiparkinsoniens ralentiraient l’évolution de la DMLA humide

Une équipe de chercheurs français a réussi à décrypter les mécanismes grâce auxquels les médicaments dopaminergiques utilisés dans le Parkinson pourraient ralentir la progression de la DMLA néovasculaire, dite « exsudative » ou « humide ».

La DMLA représente la première cause de handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans, et se traduit par une dégradation d’une partie de la rétine – la macula – qui peut mener à la perte de la vision centrale. La forme néovasculaire de la DMLA, caractérisée par la prolifération de vaisseaux sanguins dysfonctionnels sous la rétine, peut être ralentie par des injections régulières administrées directement dans l’œil du patient (intravitréennes) qui représentent un fardeau thérapeutique important du fait de la fréquence des piqûres, mensuelles ou bimestrielles. D’où l’intérêt d’explorer des alternatives pour les patients.

Dans ce travail publié dans The Journal of Clinical Investigation, des chercheurs sont partis d’un constat : les patients souffrant de Parkinson et traités par L-Dopa, médicament précurseur de la dopamine, présentent un risque réduit de DMLA humide. Mais les mécanismes sous-jacents de cette protection potentielle restaient méconnus.
Pour les explorer, les chercheurs se sont penchés sur des modèles cellulaires et animaux. Ils ont ainsi montré que c’est bien la L-Dopa qui est responsable de la réduction de la néovascularisation choroïdienne, et non les mécanismes pathologiques de la maladie de Parkinson, ni l’administration (systématiquement concomitante) d’un inhibiteur de la dopadécarboxylase (IDDC) périphérique (ici, le bensérazide). Ceci, car la L-Dopa active un récepteur spécifique du cerveau, appelé DRD2. Cette activation du DRD2 bloque la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans l’œil, un processus clé dans le développement de la DMLA néovasculaire.

Après avoir analysé les données de santé de plus de 200 000 patients atteints de DMLA humide en France, les chercheurs ont relevé que les patients qui prenaient de la L-Dopa ou d’autres médicaments agonistes du DRD2 pour traiter leur maladie de Parkinson développaient la DMLA plus tard dans leur vie, à 83 ans, au lieu de 79 ans pour les autres patients DMLA. De plus, dans la deuxième année de traitement, ils nécessitaient moins d’injections intravitréennes (-0,6 injections annuelles par 100 mg/jour d’agonistes de DRD2, et -0,13 injections annuelles par 100 mg/jour de L-Dopa). Un effet dose-dépendant, pour ces deux traitements, notent les chercheurs.

Selon Florian Sennlaub, directeur de recherche Inserm à l’Institut de la vision (CNRS/Sorbonne Université/Inserm), ces résultats ouvrent des perspectives inédites pour les patients atteints de DMLA dans sa forme humide. Car on dispose aujourd’hui d’une piste sérieuse pour retarder l’évolution de cette maladie et réduire le fardeau des traitements actuels ». Cette étude conforterait ainsi le recours systématique à des agonistes de DRD2 en prévention car les médicaments dopaminergiques, au-delà de leur rôle dans la maladie de Parkinson, pourraient avoir un effet bénéfique dans la prévention et le traitement de la DMLA néovasculaire.

Source : Le quotidien du médecin