Obésité clinique: une nouvelle définition au-delà de l’IMC

En janvier 2025, une commission internationale d’experts, en collaboration avec The Lancet Diabetes & Endocrinology, a publié un rapport majeur redéfinissant les critères de diagnostic de l’obésité clinique. Ce rapport remet en question l’utilisation exclusive de l’indice de masse corporelle (IMC) et propose une approche plus nuancée basée sur des mesures objectives de la santé individuelle.​

La commission distingue désormais deux catégories :​

·        Obésité clinique : caractérisée par un excès de masse grasse entraînant des signes ou symptômes objectifs de dysfonctionnement organique (par exemple, essoufflement, insuffisance cardiaque, douleurs articulaires) ou une limitation significative des activités quotidiennes telles que se laver, s’habiller ou manger. ​

·        Obésité préclinique : présence d’un excès de masse grasse sans altération fonctionnelle apparente, mais avec un risque accru de développer des maladies non transmissibles telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires ou certains cancers. ​

L’IMC, bien qu’utile comme outil de dépistage, présente des limites importantes :​

·        Il ne fait pas de distinction entre la masse grasse et la masse musculaire.​

·        Il ne reflète pas la répartition de la graisse corporelle, notamment la graisse viscérale, plus nocive que la graisse sous-cutanée.​

·        Il ne tient pas compte des différences ethniques et individuelles.​

La commission recommande donc de compléter l’IMC par d’autres mesures, notamment le tour de taille qui est un indicateur de la graisse abdominale, le rapport taille-hanche ou taille-taille pour évaluer la distribution de la graisse, etc. ​

Pour diagnostiquer l’obésité clinique, la commission a établi 18 critères pour les adultes et 13 pour les enfants et adolescents, incluant:​ l’essoufflement dû à l’effet de l’obésité sur les poumons, l’insuffisance cardiaque induite par l’obésité, les douleurs aux genoux ou aux hanches avec raideur articulaire et réduction de l’amplitude des mouvements, l’altérations des os et des articulations chez les enfants limitant les mouvements, et les dysfonctionnements d’autres organes, y compris les reins, les voies respiratoires supérieures, les organes métaboliques, les systèmes nerveux, urinaire et reproducteur, ainsi que le système lymphatique des membres inférieurs. ​

Cette redéfinition de l’obésité clinique vise à :​

·        Améliorer l’accès aux traitements pour les personnes réellement affectées par l’obésité.​

·        Éviter les surdiagnostics chez les individus en bonne santé mais avec un IMC élevé.​

·        Réduire la stigmatisation associée à l’obésité en reconnaissant sa complexité et ses multiples facteurs.​
La commission de The Lancet propose une approche plus précise et individualisée du diagnostic de l’obésité, en tenant compte des limitations de l’IMC et en intégrant des mesures objectives de la santé. Cette nouvelle définition pourrait transformer la manière dont l’obésité est diagnostiquée et traitée, en mettant l’accent sur la santé plutôt que sur des chiffres isolés.

Source: The Lancet