Hypertension artérielle chez les personnes âgées: une PAS inférieure à 130 mmHg réduirait la mortalité cardiovasculaire

Le seuil de pression artérielle systolique (PAS) définissant l’hypertension reste un sujet de débat. Tandis que les recommandations 2024 de la Société européenne de cardiologie fixent ce seuil à 140 mmHg, les directives américaines, elles, se révélent plus strictes et retiennent une limite de 130 mmHg.
Dans la littérature scientifique, plusieurs études – notamment SPRINT et BPROAD – ont montré qu’un objectif plus bas, autour de 120 mmHg, offrait une meilleure protection cardiovasculaire. Toutefois, d’autres travaux, comme l’essai ACCORD, n’ont pas confirmé ces bénéfices. De plus, des préoccupations persistent quant au risque d’effets indésirables, en particulier chez les personnes âgées, avec notamment l’hypotension orthostatique.
Une étude américaine récente, parue en ligne le 17 mars 2025 dans le Journal of the American College of Cardiology, apporte un éclairage nouveau sur cette question dans la population des plus de 80 ans, encore peu étudiée jusqu’ici.
Réalisée par l’équipe du Pr Huanhuan Yang (Yale New Haven Hospital, États-Unis), l’étude s’est basée sur les données de 1 593 adultes (dont 949 femmes) âgés de 80 ans ou plus, tous traités par antihypertenseurs, issues de l’enquête nationale américaine National Health and Nutrition Examination Survey (période 1988-2014). L’objectif était d’évaluer l’impact de la pression artérielle systolique sur la mortalité cardiovasculaire.
La PAS a été mesurée selon des protocoles standardisés, en retenant la moyenne des deuxième et troisième mesures. Trois groupes ont été constitués : PAS < 130 mmHg, PAS entre 130 et 160 mmHg, et PAS > 160 mmHg.
Après un suivi moyen de 6,7 ans, 46 % des décès enregistrés étaient liés à des maladies cardiovasculaires. Les résultats montrent que les participants ayant une PAS inférieure à 130 mmHg présentaient un risque de mortalité cardiovasculaire significativement plus faible que ceux avec une PAS entre 130 et 160 mmHg (rapport de risque ajusté : 0,74 ; IC 95 % : 0,57-0,96). En revanche, aucune différence significative de risque n’a été observée entre les groupes 130-160 mmHg et > 160 mmHg.
Les auteurs de l’étude ont conclu que chez les adultes de plus de 80 ans traités pour hypertension, une PAS plus basse est associée à une réduction de la mortalité cardiovasculaire, ce qui va dans le sens d’un contrôle plus intensif de la pression artérielle. Toutefois, des essais contrôlés randomisés restent nécessaires pour mieux évaluer le rapport bénéfices/risques, notamment à des niveaux très bas de PAS.
L’étude comporte cependant certaines limites : les effets indésirables liés à l’hypotension n’ont pas été étudiés, une relation causale ne peut être formellement établie, et des biais de confusion peuvent persister malgré les ajustements statistiques. De plus, la PAS n’a été mesurée qu’une seule fois, ce qui ne permet pas d’évaluer les variations à long terme sous traitement.
Source: Univadis