Maladie d’Alzheimer débutante : vers une méthode de dépistage simple!

La formation des plaques amyloïdes précède de plusieurs années l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Bien qu’il soit possible de les détecter et d’évaluer leur quantité, les méthodes actuelles demeurent contraignantes, nécessitant soit une ponction lombaire invasive, soit une tomographie par émission de positons (TEP) amyloïde, un examen difficilement accessible. Pour y remédier, une équipe de l’Inserm, rattachée au centre de recherche Bordeaux Population Health, propose une approche plus simple, encore perfectible, mais déjà prometteuse. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Alzheimer’s Research and Therapy .

Pour cela, les chercheurs ont utilisé les données de 853 patients de l’étude Memento, recrutés dans les Centres mémoire de ressources et recherche français et qui consultaient pour un trouble cognitif léger ou une plainte cognitive subjective. Suivis pendant 5 ans, ils ont tous bénéficié d’un dosage des dépôts amyloïdes par une des méthodes précitées. Un recueil de données sociodémographiques, biologiques, cliniques et d’imagerie (IRM – imagerie par résonance magnétique) a permis de construire six modèles prédictifs qui se distinguaient les uns des autres par l’ajout d’un marqueur spécifique de la maladie d’Alzheimer : génétique (présence de l’allèle ApoE4 du gène de l’apolipoprotéine E), sanguin (taux sanguins de différentes formes des protéines amyloïdes bêta et Tau, Ab42/40 et pTau 181) ou d’imagerie (atrophie de l’hippocampe observée par IRM, microhémorragies cérébrales).

Deux modèles ont été particulièrement prédictifs d’un seuil pathologique de dépôts amyloïdes : celui qui comprenait le statut du gène de l’apolipoprotéine E et celui qui incluait les biomarqueurs sanguins de la maladie. Ils ont été validés sur une autre cohorte de patients ayant des troubles de la mémoire (Amsterdam Dementia Cohort) et dont le dosage des dépôts amyloïdes était connu.

Mais, étant donné que la détermination du statut du gène de l’apolipoprotéine E n’est pas encore disponible en routine et que sa généralisation pose des questions éthiques en l’absence de traitement efficace, les chercheurs recommandent l’utilisation du modèle qui inclut uniquement les biomarqueurs sanguins liés à la maladie d’Alzheimer, en plus des variables communes.

Ce modèle a une sensibilité et une spécificité qui restent inférieures à celle des examens par ponction lombaire ou TEP, il n’est utilisable en pratique que pour exclure l’existence d’un risque de maladie d’Alzheimer, ce qui, d’après les auteurs, éviterait de pratiquer ces deux examens chez environ 30 % des patients se plaignant de troubles cognitifs évocateurs de la maladie.

Enfin, les chercheurs restent optimistes quant à l’avenir de leur modèle. Ils envisagent de l’améliorer en intégrant de nouveaux marqueurs sanguins, tels que la protéine pTau217. Leur objectif reste le même : « Offrir un outil simple et rapide à utiliser pour remplacer les méthodes de dépistage actuelles ».

Source : Univadis