Les liens entre cannabis et psychose de mieux en mieux compris
L’usage du cannabis a été associé à un risque accru de développer une psychose chez les adolescents, avec un risque multiplié par 2 à 4, particulièrement lorsque la consommation débute à un jeune âge. Comprendre le lien entre l’initiation de la consommation de cannabis et le spectre de la schizophrénie et des troubles psychotiques (SSATP) est donc crucial pour sensibiliser aux dangers potentiels et élaborer une politique de prévention adaptée. Trois hypothèses principales sont actuellement explorées :
- L’hypothèse du facteur de risque, selon laquelle la consommation de cannabis pourrait directement contribuer à l’apparition de troubles du SSATP.
- L’hypothèse des vulnérabilités partagées, qui suggère l’existence de facteurs communs prédisposant à la fois à l’usage du cannabis et aux troubles du SSATP.
- L’hypothèse de l’automédication, considérant l’usage du cannabis comme un moyen pour les individus de soulager les symptômes des troubles du SSATP.
Pour explorer ces hypothèses et mieux comprendre le lien entre le cannabis et le SSATP, une équipe américaine a étudié l’évolution des symptômes du SSATP chez des enfants et des adolescents, avant et après le début de la consommation de cannabis. À cette fin, près de 12 000 adolescents âgés de 9 à 10 ans ont été recrutés dans le cadre de la cohorte multicentrique Adolescent Brain Cognitive Development (ABCD). Leur suivi s’est déroulé sur une période de 4 ans, avec cinq périodes d’observation.
Les participants, majoritairement des garçons (52 %) d’origine caucasienne, avaient un âge moyen de 9,5 ans. L’analyse longitudinale, avant et après l’initiation de la consommation de cannabis, révèle que les adolescents consommateurs rapportaient systématiquement un plus grand nombre de symptômes du SSATP et de difficultés associées, comparativement à ceux n’ayant jamais consommé de cannabis, quelle que soit la période d’observation.
Avant l’initiation de la consommation, une augmentation progressive des symptômes du SSATP et des difficultés associées a été observée, ce qui soutient l’hypothèse d’une consommation de cannabis motivée par une recherche d’automédication. Après le début de la consommation, une diminution initiale des symptômes du SSATP et des difficultés a été constatée, suivie d’une aggravation de leur impact au fil du temps, suggérant une possible contribution du cannabis à l’évolution de ces troubles. En revanche, aucune augmentation significative du nombre de symptômes du SSATP après l’initiation n’a été observée, ce qui ne soutient pas l’hypothèse d’un rôle direct du cannabis en tant que facteur de risque contributif au SSATP.
Source: Medscape