Crise de goutte: la colchicine en prophylaxie protège le cœur

La goutte est la forme la plus courante d’arthrite inflammatoire dans le monde et touche 2,5 % à 5,0 % des adultes dans les pays à revenu élevé. Elle est due à une hyperuricémie prolongée qui entraîne le dépôt de cristaux d’urate monosodique dans et autour des articulations. La libération de cristaux à partir de dépôts préformés provoque des poussées inflammatoires intenses de douleurs articulaires et de gonflements qui durent environ 1 à 2 semaines.  Les traitements hypo-uricémiants (par exemple, allopurinol et fébuxostat) augmentent le risque de crises de goutte au cours des premiers mois de traitement. La colchicine (0,5 à 1,0 mg par jour) est recommandée pour prévenir ces crises. Cependant, elle n’est souvent pas prescrite par les médecins généralistes en raison d’un manque de sensibilisation et d’inquiétudes quant aux effets secondaires. La colchicine est efficace dans la prévention secondaire des événements cardiovasculaires chez les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire préexistante. Les crises de goutte étant temporellement associées à des événements cardiovasculaires, il est important de déterminer si la colchicine à faible dose utilisée pour la prophylaxie des crises de goutte pourrait également prévenir les événements cardiovasculaires chez les personnes atteintes de goutte qui commencent un traitement hypo-uricémiant.

Le Dr Edoardo Cipolletta, rhumatologue universitaire, faculté de médecine, hôpital de la ville de Nottingham, université de Nottingham, Nottingham, Royaume-Uni, a dirigé une étude publiée en ligne le 18 décembre 2024 dans The Lancet Rheumatology, pour estimer le risque d’événements cardiovasculaires chez les patients souffrant de goutte qui initient un traitement hypo-uricémiant avec prophylaxie des crises à l’aide de colchicine.
Cette étude de cohorte rétrospective portant sur 99 800 patients (âge moyen, 62,8 ans ; 74,4 % d’hommes ; 85,1 % de Blancs) nouvellement diagnostiqués avec la goutte, a utilisé les données de Clinical Practice Research Datalink Aurum, une base de données anglaise de soins primaires liée aux dossiers d’hospitalisation et de L’étude a comparé les personnes à qui on avait prescrit une prophylaxie des poussées de goutte avec de la colchicine et celles à qui on n’avait prescrit aucune prophylaxie des poussées de goutte.

La prophylaxie des poussées de goutte, définie comme une prescription de colchicine pendant 21 jours ou plus, a été prescrite à 16 028 patients pendant une durée moyenne de 47,3 jours à une dose quotidienne moyenne de 0,97 mg. Les patients ont été suivis pendant 180 jours.
Le critère d’évaluation principal était la survenue du premier événement cardiovasculaire (infarctus du myocarde mortel ou non mortel ou accident vasculaire cérébral) dans les 180 jours suivant le début du traitement hypouricémiant.

Résultats

Les patients sous prophylaxie à la colchicine ont présenté un risque significativement plus faible d’événements cardiovasculaires par rapport à ceux sans prophylaxie. Les taux pondérés d’événements cardiovasculaires étaient de 28,8 pour 1 000 années-personnes (IC à 95 % 25,2 à 33,2) chez les patients sous prophylaxie à la colchicine et de 35,3 pour 1 000 années-personnes (33,0 à 37,9) chez ceux sans prophylaxie

Conclusion

Chez les patients souffrant de goutte et qui ont commencé un traitement hypo-uricémiant, le risque d’événements cardiovasculaires a été réduit chez les patients ayant reçu une prophylaxie à base de colchicine par rapport à ceux qui n’en avaient pas reçu. Ces résultats fournissent un argument supplémentaire en faveur de l’utilisation de la colchicine pour la prophylaxie des crises de goutte.